Cheza ne savait pas.
Ce que je fais là...Un léger vent fit trembler les feuilles d'un arbre rabougri, et remontant en spirale, étreignit la jeune fille. Les fins cheveux d'un rose pâle voletèrent autour de son visage, couronne fugace, avant de retomber en désordre, rapellant une gamine aux cheveux en bataille lors de son réveil... Et ses yeux confirmaient cette approche. Epharés, ils ne restait jamais fixés trés longtemps au même endroit, et seul le vol silencieux d'une feuille morte le fit se fixer le temps de quelques battements de coeur.
Elle enroula ses bras fins autour de ses genoux, et frissonna. Ses grands yeux fixaient le gouffre immense. En contrebas, elle apercevais les vallons, couverts de cadavres déchirés, les bras tendus et figés dans une mort silencieuse. Ses pieds reposaient dans un trou qui avait contenu un flaque. Il était présent toujours humide, mais le trop d'eau avait disparu. Elle était assise sur un escarpement rocheux, surplombant le vide. Et elle avait soif.
Mais ne voulait pas assecher la terre...
La ou la terre est asséchée la mort nait.
Les arbres morts...Et elle ne savait pas...
Elle se redressa, et l'incertitude et la crainte quittèrent les yeux d'un rose-rouge. Ils devinrent froids, inexpressifs. Et s'assombrirent...
Je suis...Une fleur.
J'ai besoin de lumière, j'ai besoin d'eau. Elle se retrouva sans trop savoir comment plus haut encore, et grimpa de nouveau là aussi sans avoir idée du moyen employé la pente bien trop abrupte... L'habit blanc était encore un peu humide, mais déjà, il ne la collait plus tant. Et étonnament, il était resté propre...
Une flaque.
Boire. La terre rendit le liquide précieux. La terre qui se craquelle...
Elle ne voulait pas.
Fille!Les clochettes tintèrrent
Cheza ne savait pas.Le bruit cristallin trouva résonnence, combla le vide une seconde. Elle s'ébroua, comme l'aurait fait un jeune chiot. Ses yeux s'éclairssirent. Elle se leva, lentement, oscillant légerement, ses longues jambes cherchant la stabilitée, et les yeux mis-clos, elle se mit chanter. Elle avait senti...
Le gouffre. Béant
En elle...
le mal.Quelque chose...
Une présence.Alors elle appellait. Sa voix s'éleva pour la seconde fois de sa jeune vie, douce et claire... et elle appella. Le chant n'était pas puissant, mais il partait loin. Les oreilles prédestinées l'entendraient... Elle le savait. Elle resta debout, ayant tout de même la certitude qu'elle allait finir par tomber. Qu'importe... tant qu'il vient.
Mais qui ?Je ne sais pas. Il doit venir.
L'odeur... il doit avoir l'odeur.Fleur.
Besoin d'eau.Non!
Pas... un ordinateur. Ses yeux s'encrèrent à l'astre lunaire, et ne quittèrent plus la pâle apparition. Elle se sentait étrangement protégée, en ce lieu.
Comme s'il renfermait la part de son âme qui lui manquait tant.Elle savait.
Elle était... Cheza.